vendredi 1 décembre 2017

Elisabeth Ivanosky racontée par son fils Georges Meurant

"Elisabeth Ivanovsky, sur la page blanche tout est possible"
par Georges Meurant
© Jean Jauniaux



Réunissant des oeuvres de la Bibliothèque nationale de France, du Van Abbemuseum et des collections privées de ses enfants Anne, Serge et Georges Meurant, les Editions Memo publient une passionnante monographie consacrée à Elisabeth Ivanovsky, dont l'auteur, Georges le fils cadet, rend compte avec la précision de l'historien, la sensibilité de l'artiste qu'il est lui-même, et cette grâce diaphane dont sont tissés les liens entre générations d'artistes. (Serge Meurant avait récemment publié "Conversations avec Elisabeth Ivanovsky"  à propos desquelles nous l'avions interviewé. Cet entretien est bien sûr toujours accessible en clinquant ici.)

Il inscrit Elisabeth Ivanovsky dans un espace biographique et artistique dont il reconstitue la chronologie avec autant de pédagogie érudite que d'attention à ne rien perdre en ce chemin de ce qui est essentiel, depuis la petite enfance d'Elisavieta au sein d'une famille unie, dans une datcha entourée de jardins, d'une basse-cour, de ruches, d'une vigne et de champs. Née en 1910, "aux marches de l'Empire russe", en Bessarabie jusqu'au jour d'avril 2006 où "elle s'éteint dans son atelier, tandis qu'à l'Est, au loins, fleurit toute de jaune et de blanc la steppe "sonore du chant de la terre". 

Lire et regarder, contempler le livre que son fils Georges Meurant consacre à Elisabeth Ivanosky c'est à la fois s'immerger dans un univers esthétique dont chaque image, magnifiquement reproduite, dévoile une poésie à la fois luxuriante et maîtrisée, une curiosité et une habileté de l'artiste à explorer chacune des techniques qui pique sa curiosité d'exploratrice d'univers qu'elle enchante. 

Il serait ici fastidieux d'énumérer les différentes étapes de sa vie et de son oeuvre que le livre nous donne à découvrir. A 22 ans, Elisavieta qui parle le russe te le roumain, mais aussi le français et l'allemand, "débarque à Bruxelles sous un béret à voilette en octobre 1932, deux ans après avoir obtenu le premier prix d'Arts graphiques au salon du dessin et de la gravure de Bucarest. Il faut ensuite, au fil des pages, suivre le travail d'une artiste qui dans chacune de ses oeuvres nous livre d'inoubliables fragments de beauté qui ornent les livres d'une bibliographie vertigineuse par sa richesse et sa diversité. J'appartiens à une génération qui m'a donné le privilège, enfant, de feuilleter sans jamais m'en lasser quelques livres dont je retrouve ici des images. Jamais elles ne m'avaient quitté et je les ai revues avec cette lumineuse complicité qui nous relie aux moments heureux, fussent-ils rares. Nombre d'entre eux se sont réchauffés à la lumière apaisante, vive et scintillante à la fois dont irradie l'oeuvre d'Elisabeth Ivanovsky.

Voici un livre que vous placerez dans cet endroit précieux de votre bibliothèque, où se trouvent les ouvrages auxquels on aime revenir, et revenir encore. 


Jean Jauniaux, 27 novembre 2017.



"Sur la page blanche, tout est possible rassemble les plus beaux exemples des illustrations d’Elisabeth Ivanovsky pour des livres pour enfants et pour adultes, mais aussi des études de nature et des travaux réalisés à la Cambre, pour la plupart inédits. Georges Meurant, son fils cadet, retrace ici en parallèle, le parcours extraordinaire d’une artiste née en 1910 dans l’Empire Russe, mais qui a vécu et travaillé à Bruxelles la majeure partie de sa vie. Cette monographie présente l’œuvre dans son étonnante diversité.
Elisabeth Ivanovsky (1910-2006) est née à Kichineff, dans l’actuelle Moldavie. Dès l’enfance, elle illustre de petits contes qu’elle relie. Elle intègre l’École des Arts de Kichineff, dont l’enseignement est basé sur les théories du structuralisme. Elle adhère complètement à ces idées en rupture avec tout ce que fut l’art avant la révolution et s’applique à les suivre. Préférant Bruxelles à Paris, elle poursuit ses études à La Cambre à partir de 1932, école fonctionnant sur le modèle du Bauhaus. Lors de son examen de fin d’études, l’écrivain Franz Hellens lui propose d’illustrer un texte pour enfants, Bass-Bassina-Boulou, l’histoire d’un fétiche africain. Initialement contraint par des impératifs d’impression, son style – épure et aplats de couleurs – a aussi été déterminé par l’air de la Révolution. Elisabeth Ivanovsky contribuera au développement du livre jeunesse en Belgique, où il faut attendre les années 30 pour voir émerger une véritable production. En 1937, Elisabeth Ivanovsky rencontre le poète René Meurant. Ils publienront ensemble la collection Pomme d’Api aux Éditions des Artistes, énorme succès commercial. Elle illustrera plus de 300 livres pour enfants tout en poursuivant ses expérimentations artistiques. Les héritiers d’Elisabeth Ivanovsky sont aujourd’hui nombreux. En même temps qu’un retour à des méthodes d’éducation faisant place à plus de pratique, une nouvelle esthétique de l’enfance, plus épurée, revient dans l’air du temps. Les illustrations faites d’aplats imprimés en couleurs directes accompagnent cette tendance."
Rencontre avec Georges Meurant, peintre, Ludmila Krasnova, graveur, et Michel Dufourny, spécialiste en littérature jeunesse (sous réserve). Entretien mené par Anne Quévy, de l'Académie des Beaux-Arts de Bruxelles.
Élisabeth Ivanovsky (1910-2006) est née à Kichineff (Moldavie). Dès l'enfance, elle illustre des contes. À partir des 1932, elle étudie à La Cambre, à Bruxelles. Elle contribue ensuite au développement du livre jeunesse en Belgique, qui lui doit beaucoup.Élisabeth Ivanovsky. Sur la page blanche tout est possible  monographie écrite par son fils, Georges Meurant, retrace son parcours hors du commun.